A Metz, le vieux a encore de beaux jours devant lui

16/02/2023 Par acomputer 351 Vues

A Metz, le vieux a encore de beaux jours devant lui

Nicolas et Maud ont créé leur société Merveilles d’un temps en décembre 2020. Photo DR

Qu’il s’affiche en ligne ou en boutique, le vintage, c’est le succès garanti. Les commerces de seconde main ont profité de la crise pour se développer encore un peu plus et peuvent s’appuyer sur une nouvelle clientèle prometteuse pour l’avenir.

«C’est un secteur qui n’a pas trop subi la crise. » Peut-être même l’un des seuls pour qui elle s’est avérée bénéfique. Le confinement a boosté les ventes des commerces de vieux objets. Les Français « enfermés » dans leur logement ont vite eu envie de changer d’air, de refaire la décoration qu’ils ne pouvaient plus voir en peinture, ou encore d’avancer quelques projets prévus initialement pour plus tard. C’est le constat que dressent en tout cas plusieurs commerçants de Metz spécialisés dans la seconde main.

« L’activité a vraiment bien fonctionné pendant le confinement », confirme Sabrina Karp de La Brocante des Morues. Sa boutique, c’est chez elle. Elle a donc pu poursuivre les livraisons à ses clients sans difficulté. Son concept ? Elle chine des pièces de mobilier et de décoration de seconde main, les restaure pour ensuite les mettre en valeur chez elle, puis sur les réseaux sociaux afin qu’elles puissent trouver preneur. De temps en temps, elle organise des portes ouvertes et travaille avec d’autres professionnels « coup de cœur » afin de les mettre à l’honneur lors de ces journées. Depuis son installation en 2019, elle remarque que la seconde main s’est démocratisée. « Au début, nous étions trois à faire ça. Aujourd’hui, nous sommes bien plus nombreux et viennent s’ajouter les particuliers qui s’en occupent comme des pros. C’est une forme de concurrence. » L’année 2022 marquera les trois ans de son entreprise. Pour les fêter, elle s’apprête à franchir un nouveau cap : développer un showroom dans sa nouvelle maison ainsi que des livraisons à l’échelle nationale.

Explosion de l’offre

Faire du neuf avec du vieux, c’est dans l’air du temps. Une tendance qui a poussé des entrepreneurs à se lancer. La ville de Metz dénombre 20 commerces de seconde main au 10 janvier 2022, contre 13 au 31 décembre 2015, soit une progression de 54 % sur sept ans. À l’échelle de la ville, il représente moins de 1 %. Seulement, ces données qui proviennent de la chambre du commerce et de l’industrie ne prennent pas en compte les boutiques qui existent uniquement en ligne. C’est le cas des Merveilles d’un temps, une société montée au second confinement par deux jeunes d’une vingtaine d’années. « Le premier bébé » de Maud Kretz et Nicolas Tuma. « Notre couple s’est formé alors que nous restaurions notre première commode », confie l’entrepreneur. Avec Maud, ils se sont découvert une passion commune dans la restauration de mobilier et de miroir et ont souhaité se lancer ensemble via les réseaux sociaux. « On aime le vintage depuis toujours. » Instagram est pour eux une vitrine sur laquelle ils postent des pièces à des prix défiant toute concurrences « Le plus gros miroir que nous ayons vendu a coûté environ 280 euros. » Des tarifs qui s’expliquent par le fait que le couple ne vit pas de ce business. Par conséquent, il peut se permettre de réduire ses marges. Avec ce réseau, Merveilles d’un temps touche principalement des jeunes. « 65 % de nos clients ont entre 25 et 35 ans. »

Une consommation de plus en plus réfléchie

A Metz, le vieux a encore de beaux jours devant lui

Installé depuis juillet 2021 à l’angle de la rue Taison, Laurent Thomas, gérant du Brendy Concept Store, a lui aussi remarqué l’émergence de cette nouvelle clientèle. Dans son magasin, il mise sur trois offres différentes pour fonctionner toute l’année : le mobilier ancien, une décoration neuve car le vieux s’accompagne souvent d’une touche plus moderne, et une friperie. C’est cette dernière qui plaît particulièrement à une clientèle plus jeune. « La jeunesse est dans une démarche de consommer différemment. Ce n’est pas un phénomène de mode, c’est structurel ! Ces jeunes vont transmettre les mêmes valeurs à leurs enfants et cette consommation va perdurer », explique Laurent Thomas.Ces jeunes entraînent parfois « leurs parents qui eux aussi en ont marre de payer l’industrie des marques », ou veulent simplement retrouver des vêtements d’antan qui les feront replonger dans leurs souvenirs. Une veste militaire, un Perfecto ou encore un kimono peuvent être dénichés au Brendy Concept Store qui cherche à proposer une gamme de vêtements originale et introuvable ailleurs. De l’atypique abordable pour un ticket moyen estimé à 30 euros. La friperie, un concept innovant que Laurent Thomas se voit bien développer dans d’autres villes moyennes à fort potentiel comme Nancy ou Reims.

Christine Bertrand-Barthels qui tient Le Dressing de Léa, le dépôt-vente installé rue Mazelle , fait le même constat. « Depuis quelques années, la clientèle est plus jeune et s’inscrit dans une démarche écologique et de non-gaspillage ». Chez elle, les clientes peuvent trouver des marques de 50 à 60 % moins chères. La moitié du prix de vente (au minimum) revient à la déposante. « Plus le produit est cher, plus le pourcentage est en faveur de la cliente afin qu’elle revienne faire d’autres dépôts en magasin. »

Les plateformes en ligne, une concurrence ?

Vinted, Back Market, Leboncoin… Les plateformes de vente en ligne de produits de seconde main se développent elles aussi. Si elles peuvent apparaître comme une forme de concurrence, pour Laurent Thomas, elles ne remplacent pas le service d’une boutique physique. « On se bat sur le service proposé au client, le magasin bien tenu, les vendeurs qui sont aux petits soins. J’aime le contact que l’on peut avoir avec le client. » Pour lui, la vente en ligne doit être un outil en plus. D’ailleurs, il utilise lui-même ce type de plateforme pour vendre les produits de luxe. Pour Christine Bertrand-Barthels, même s’il n’est pas toujours évident de faire face à Internet, les deux types de commerce continueront sans que l’un ne prenne la place de l’autre. Les deux systèmes ne sont pas forcément antagonistes et peuvent progresser ensemble puisqu’ils ne touchent pas les mêmes cibles.

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