Phil Collins : "J'ai du mal à jouer. Mais la santé, ça va" - Rolling Stone

03/03/2022 Par acomputer 552 Vues

Phil Collins : "J'ai du mal à jouer. Mais la santé, ça va" - Rolling Stone

« J’ai pris mon temps pour revenir », raconte l’ancien batteur de Genesis à propos de sa récente tournée « Not Dead Yet ». « Je ne savais pas si mon public était encore là ». Notre interview de Phil Collins :

Dans les années 80, il n’y avait pas de rock star plus bosseur que Phil Collins. Sa carrière solo explose en janvier 1981, avec la sortie de son premier single « In the Air Tonight », le coup de lancement d’une longue série de succès qui parsèmeront la décennie. À l’époque, il continuait à enregistrer et à tourner avec son groupe, le bien nommé Genesis, et a même commencé une carrière d’acteur, en décrochant le rôle principal dans le film Buster sorti en 1988. Au milieu de tout ça, il s’est aussi rendu disponible en tant que producteur et batteur pour Robert Plant, Eric Clapton, Paul McCartney, Adam Ant et bien d’autres.

Deux ans après avoir réédité tout son répertoire solo avec diverses éditions spéciales, il se tourne désormais vers un prochain coffret collaboratif de quatre disques, baptisé « Plays Well With Others », qui arrive dans les bacs le 28 septembre. Pour l’occasion, Collins a parlé avec Rolling Stone US à propos de cette nouvelle collection, de sa tournée mondiale « Not Dead Yet », de sa santé bien évidemment, et enfin de la possibilité d’enregistrer son premier album depuis « Testify », sorti en 2002.

Qui a eu l’idée de « Plays Well With Others » ?

Phil Collins : Je ne me souviens pas. C’est dans les cartons depuis quelques années. Je pense qu’à l’époque de mes rééditions, quelqu’un a eu cette idée lumineuse. C’est un peu compliqué avec tous ces droits de licences. Je suis arrivé avec les chansons que je voulais avoir sur le disque et j’ai tout laissé aux avocats.

Y a-t-il des chansons que vous n’avez pas pu obtenir parce que les droits étaient gelés ?

P.C : Pas que je sache. Un titre que je voulais absolument avoir, était signé Steve Winwood, mais il m’a dit qu’il allait faire un album live et qu’il préférait le garder. Il s’agissait simplement de passer en revue tout ce que j’ai collecté au fil des années. La plupart des morceaux, je crois, ont été acceptées.

C’est intéressant de savoir que cette compile débute avec votre groupe pop Flaming Youth, bien avant Genesis. Peu de gens ont écouté cette musique…

P.C : Bonne chance à eux *rires*. Je me rappelle de pas mal de choses datant des années 70. Pour moi, les CD 2, 3 et 4 se portent mieux que le premier CD. Même si tout est là. Si tu n’aimes pas ça, saute-le.

Il y a beaucoup de chansons avec Brian Eno. Vous l’avez rencontré pour la première fois lors des sessions de « Lamb Lies Down on Broadway » ?

P.C : Oui. Il composait « Taking Tiger Mountain » et nous, on faisait « The Lamb » à l’étage d’en dessous. Peter [Gabriel, ndlr] et d’autres gars étaient de grands fans de Roxy [Music]. Pour ma part je ne me comptais pas dans le camp de Roxy (…) mais je suppose qu’à partir de ce moment-là, on s’est bien entendus, puisque par la suite, il m’a appelé pour l’aider sur « Another Green World », « Before and After Science » et « Music for Films ». Ces séances étaient très instructives, une nouvelle et différente façon de travailler. C’était bien loin de Genesis.

Comment avez-vous fini sur « Pablo Picasso » de John Cale ?

P.C : Encore une fois, je ne me souviens pas comment ces choses sont arrivées. Je me souviens du studio. Je me souviens du jour. Il y avait moi et le guitariste Chris Spedding, et peut-être que Brian Rogers était à la basse, je ne m’en souviens pas vraiment. Mais j’ai bien été appelé pour jouer sur cet album. C’était intéressant parce qu’il faisait partie de ces artistes qui bossaient le chant en même temps que l’instru. Je ne l’ai pas revu depuis. C’est la seule fois où j’ai travaillé avec lui.

Comment vous souvenez-vous de la conception du son de la batterie sur « Intruder » de Peter Gabriel ?

P.C : Comme si c’était hier. C’était à une époque où Peter n’avait pas vraiment de groupe. J’étais dans une situation délicate et je traversais un divorce. J’ai bouclé la plupart des démos pour le disque « Face Value » et je lui ai dit : « Si tu as besoin d’un batteur, mec, je suis là. Je suis libre. » Il m’a appelé et je suis allé chez lui, à Bath, accompagné de deux autres musiciens : John Giblin et Jo Partridge. Nous avons vécu là pendant un mois, je jouais tous les jours, on l’a aidé à préparer certaines chansons qui allaient figurer sur le troisième album.

Dès que je suis arrivé, Peter a dit : « Enlevez les cymbales. Je ne veux pas de métal sur le disque. » J’ai pensé que c’était un peu têtu de sa part, mais après tout, c’était son album. On a commencé avec le producteur Hugh Padgham à mettre des tom-toms là où il y avait les cymbales et j’ai tenté de joue, de me sentir à l’aise. J’ai demandé à Hugh un retour de ce que je jouais. Peter a dit : « Qu’est-ce que tu joues ? » J’ai dit : « Je joue avec le son. » Il a répondu : « J’aime. Donnez-moi ça pendant 10 minutes. »

C’est ce que j’ai fait. À la fin de la session, j’ai dit : « Qu’allez-vous en faire ? » Il a dit : « Je ne sais pas encore. » J’ai donc demandé : « Puis-je en avoir une copie ? » parce que je me sentais en quelque sorte propriétaire. J’ai reçu une copie et j’ai continué : « Puis-je avoir un crédit, au moins ? Si je ne peux pas l’utiliser, j’aimerais avoir un crédit. » Il a accepté et j’ai commencé à lier des liens forts avec Hugh Padgham, qui m’a d’ailleurs aidé sur plusieurs disques de Genesis.

C’est incroyable que vous ayez trouvé du temps dans les années 80 pour faire toutes ces sessions, alors que vous alliez et veniez entre Genesis et votre carrière solo, faisant aussi un nombre incalculable de concerts.

P.C : Je n’en sais rien. J’avais une femme patiente, je suppose. Je me voyais un peu comme Mr Incredible sur le chemin de son mariage, d’un coup le travail m’appelle et je me dis : « Je peux le faire. J’ai le temps. »Évidemment, il n’y a que 24 heures dans une journée. Mais tout est possible.

Même si vous avez été coupé de « All Things Must Pass » de George Harrison, Paul vous a appelé pour jouer sur « Press to Play ». Vous étiez enfin sur un disque des Beatles !

P.C : Hugh Padgham était l’ingénieur de ce disque. J’ai reçu l’appel, pris ma batterie et suis allé en studio. Ce n’était certainement pas l’une de ses meilleures chansons, mais Townshend était là pour jouer de la guitare. C’était génial parce que lorsque Pete Townshend sourit pendant qu’il joue, vous savez que vous faites quelque chose de cool. Wix Wickens, qui fait maintenant parti du groupe de Paul en tant que claviériste, était aussi présent. C’était une journée intéressante. Linda McCartney était là – elle a pris une photo. J’ai reçu d’elle un très bel album.

Comment se passe la tournée ? Vous étiez en Amérique du Sud il y a quelques mois.

P.C : Nous avons arpenté l’Europe l’année dernière, puis l’Amérique du Sud. On retourne en Amérique au mois d’octobre, juste quelques semaines. Nous sommes censés faire l’Australie au début de l’année prochaine, aussi. C’est très amusant, je dois dire. Je ne pensais pas que je le répéterais un jour. Mon fils [Nicholas, ndlr] joue de la batterie. Il a été totalement accepté par ce groupe de durs à cuire. Ils ont tous été très fiers et d’un grand soutien. Tout s’est déroulé comme prévu. Tant que nous trouverons un endroit où aller et que nous aurons quelques pauses, nous continuerons les concerts.

Avez-vous eu peur que le fait de chanter assis change la dynamique du concert ?

P.C : Oui. Autrefois, je courais partout, comme un fou. J’avais peur que les gens en redemandent. Mais un jour, un critique anglais a souligné qu’il y avait comme un gracieux crescendo. Je monte sur scène et je reste assis toute la soirée. Le groupe redouble donc d’énergie. Ça veut dire que le public est concentré sur la musique, et moi aussi. C’est un peu différent pour moi, mais il m’est physiquement impossible de rester debout pendant deux heures sans ressentir une douleur réelle.

« Can’t Turn Back the Years » rend très bien sur scène.

P.C : C’est l’une de mes chansons préférées. C’est parfait pour une arène. J’ai beaucoup de chance que Nic joue de la batterie. Quand il joue avec une batterie en kit, il me ressemble beaucoup. Il a aussi beaucoup de Chad Smith et de John Bonham en lui, mais il a aussi l’attitude que j’avais à l’époque. Tout le monde dans le groupe est constamment surpris. Tout ça m’aide à ne pas avoir à me retourner et à dire : « Ne faites pas ça. Fais ça. » Il a tout ce qu’il faut. Il a compris.

Avec une chanson comme « Can’t Turn Back the Years », vous arrive-t-il de trouver difficile de chanter parce qu’elle remonte à une période douloureuse de votre vie ?

P.C : Non. Ça te permet de te projeter dans un lieu, une époque. J’adore cette chanson. Cet album [« Both Sides », ndlr] est truffé de mes morceaux préférés. Je ne trouve pas ça difficile. Je ne fais pas parti de ces gens qui revivent les choses. On le revit un peu, ok, mais pas au point où l’on rentre chez soi et où l’on s’endort en pleurant.

Etes-vous surpris qu’après toutes ces années, depuis votre dernier album, vous êtes encore capable de remplir les stades et les arènes ?

P.C : Ouais. Pour être sincère, c’est une des raisons pour lesquelles j’ai pris mon temps pour revenir. Je ne savais pas s’il y avait encore un public. Je pense que les rééditions ont aidé à prouver à nouveau que j’étais toujours là… comme vous le savez, les critiques n’étaient pas tout le temps tendres. Mais tout à coup, j’étais en train d’être réévalué et je pense que ça m’a fait me sentir beaucoup mieux dans ma peau.

Je me souviens… J’ai participé à cette émission de radio à Londres au moment où les dates de la tournée européennes ont été mises en vente. Le temps d’une page de pub, tout était vendu. C’était 15 secondes. J’étais genre, « Oh, mon Dieu, j’ai intérêt à être génial maintenant. » C’était la même chose en Amérique.

Vous écrivez de nouvelles chansons ? Vous songez à enregistrer un album ?

P.C : Il le faudra bien. 16 ans se sont écoulés depuis la sortie du dernier album. Je n’avais pas réalisé que c’était si long. J’ai un petit studio dans ma maison. ! Il y a moi, ma dame, et nous avons un bureau dans la même pièce, donc plus le bureau est occupé, moins j’ai de chances d’y aller. Je prends des notes, j’ai quelques idées…

Comment va votre santé ? Êtes-vous de plus en plus fort au fil des années depuis vos interventions chirurgicales ?

Pas particulièrement, non *rires*. Mais la santé est bonne. Une opération du dos m’a laissé avec le pied droit paralysé… J’ai encore un peu de mal à jouer de la batterie. Mais en général, la santé est bonne.