Essai comparatif - La BMW M2 CS affronte la Mercedes-AMG A 45 S

12/05/2022 Par acomputer 461 Vues

Essai comparatif - La BMW M2 CS affronte la Mercedes-AMG A 45 S

- Essai comparatif réalisé par Xavier Brandel, Marius Hanin et Yann Lethuillier

Savez-vous à quoi reconnaît-on un bon journaliste automobile d'un mauvais ? Le bon n'aurait jamais eu l'idée de comparer un six cylindres en ligne à un quatre, une propulsion à une quatre roues motrices et encore moins une boîte robotisée à double embrayage à une boîte manuelle. Le mauvais ne se serait même pas posé la question. Deveniez donc dans quelle catégorie se situe votre serviteur ?

Blague à part, si les ingénieurs de chez BMW Motorsport tutoient le talent, pensez à les vouvoyer. Et faites de même pour ceux de chez Mercedes-AMG. Car nous allons le voir, même si, à la lecture de la fiche technique, la majorité des aficionados d'automobiles sportives se tourneront vers la M2 CS, la Mercedes-AMG A 45 S est loin d'être là pour servir de voiture travelling à notre photographe favori. Leur approche de la sportivité est très différente, contrastant ainsi avec des performances pures très proches.

Quand l'une vous intimide à l'approche d'un virage à l'asphalte légèrement gras-mouillé, l'autre vous donnera envie de la pousser encore plus loin. Quand l'une vous fait retrouver des sensations d'autrefois, l'autre vous rappelle que les progrès d'aujourd'hui permettent d'avoir accès à des performances de vraies sportives, sans changer de sous-vêtements dès qu'il se met à pleuvoir.

Ces deux voitures sont si proches et si différentes à la fois, que ne pas les comparer ferait de moi un plus mauvais journaliste que je ne le suis déjà. Alors en route, tant que nous le pouvons encore, allumons ces deux moteurs thermiques, pendant que nous le pouvons encore, et allons "rouler", comme disent mes plus éminents confrères, pendant que nous le pouvons encore.

Petites mais puissantes

C'est en 2016 qu'est arrivée la BMW M2, un modèle au caractère sportif indéniable, mais une polyvalence somme toute relative avec des suspensions beaucoup trop fermes pour un usage quotidien. Pour corriger le tire, BMW Motorsport présente, deux ans plus tard, la M2 Compétition, plus puissante avec le six en ligne des M3 et M4, mais aussi paradoxalement plus confortable.

L'association antinomique entre confort et dynamisme étant réglée, la M2 aurait pu, doucement mais sûrement, attendre une retraite bien méritée. Mais pour clore le chapitre en beauté, la firme munichoise s'est dit qu'il faudrait peut-être faire quelque chose d'encore plus spéciale. Une BMW M2 CS par exemple.

Du côté de chez Mercedes-AMG, on a profité de la nouvelle génération de la Classe A pour modifier en profondeur la fameuse A 45. En France, nous avons uniquement le droit à la version S de 421 chevaux. Une plus petite variante de 387 chevaux existe sur d'autres marchés, mais Mercedes n'a pas jugé utile commercialement de la proposer en France. Qu'à cela ne tienne, nous ferons avec cette version S qui inaugure un nouveau moteur, un quatre cylindres 2,0 litres essence de... 421 chevaux. Cela nous donne donc un rendement de 211 ch/litre. Vous vous demandez comment ce moteur va vieillir dans le temps ? Nous aussi.

Pour tous les goûts

Esthétiquement, notre BMW fait le show avec sa teinte "Misano Blau" (940 euros) et ses jantes forgées dorées de 19 pouces (510 euros). Le style est comme les anciennes BMW sportives, musclé, avec des hanches très larges qui ne demandent qu'à être malmenées à chaque courbe. Comme vous pouvez vous en apercevoir sur les photos à disposition, la BMW M2 CS reçoit quelques éléments en fibre de carbone, au niveau de la lame avant notamment, du toit, des coques de rétroviseurs, de l'aileron arrière, du diffuseur et du capot.

Ce dernier est d'ailleurs moitié moins lourd que le capot d'une BMW M2 Compétition et reçoit une ouïe pour ventiler la mécanique. Malgré tout ces éléments allégés, curieusement, la BMW M2 CS pèse le même poids qu'une M2 Compétition, à savoir 1550 kilos. La faute aux filtres à particules ajoutés sur la M2 CS ? Sûrement.

De son côté, notre Mercedes-AMG A 45 S ferait presque bien sage avec sa teinte mate "Gris Montagne Magno Designo" (2450 euros) et ses jantes forgées de 19 pouces (2100 euros). Sans "pack aérodynamique AMG" (1900 euros), notre A 45 S pourrait presque passer pour une Classe A diesel. Une bonne nouvelle pour ceux ne désirant pas se faire remarquer à bord d'une voiture sportive. Et si vous souhaitez vraiment attirer les regards, une belle configuration avec un "Jaune soleil" (250 euros) et le fameux "pack aérodynamique AMG" fera l'affaire.

Deux voitures vendues neuves, mais deux époques

À l'intérieur, on pourrait penser que la M2 a pris un petit coup de vieux. Pas vraiment en réalité, le système d'info-divertissement est toujours correct, l'ergonomie est plutôt bonne également et les matériaux sont de bonne facture, avec notamment de l'Alcantara un peu partout.

Essai comparatif - La BMW M2 CS affronte la Mercedes-AMG A 45 S

La commande de boîte tombe parfaitement sous la main, les compteurs à aiguilles nous rappellent que "c'était mieux avant" et l'assise des sièges est étonnamment confortable pour une voiture aussi radicale. Mention spéciale également pour le volant en Alcantara M (610 euros), inutilement indispensable pour ce modèle, avec une jante bien épaisse comme on aime chez BMW.

Du côté de la Mercedes-AMG A 45 S, c'est un autre monde. Cette grande dalle numérique ravira les technophiles et, d'une manière générale, même si on n'aime pas vraiment la profusion d'écrans dans une sportive, force est de constater que l'ergonomie est plutôt bien faite et le système intuitif. Notre modèle d'essai est équipé du "pack Sièges Performance AMG Advanced" (2650 euros) aux multiples réglages.

Il est alors possible d'adapter parfaitement le siège à votre divin séant en modifiant les maintiens latéraux par exemple, et même le maintien lombaire. Cependant, réfléchissez-y à deux fois avant de prendre cette option, ces sièges sont parfaits pour un usage sportif mais assez inconfortables pour une utilisation quotidienne. À nos yeux, ce n'est pas l'option la plus indispensable.

Nos deux protagonistes en quelques chiffres

Côté moteur, la BMW M2 CS embarque un six cylindres en ligne (nom de code : S55) de 3,0 litres de cylindrée, bi-turbo, développant 450 chevaux et 550 Nm de couple. Sa sonorité, intimidante à défaut d'être mélodieuse, ne ravira sans doute pas les mélomanes du fameux "six en ligne BMW", mais ce n'est pas non plus mauvais. Nous retrouvons l'élasticité du six cylindres avec une plage d'utilisation large, comme ses hanches, un couple généreux de 2350 à 5500 tr/min et un point de rupture à plus de 7000 tr/min. Grisant.

BMW M2 CS Mercedes-AMG A 45 S
Motorisation 6 cylindres en ligne, 2979 cm3, bi-turbo 4 cylindres en ligne, 1991 cm3, turbo
Puissance 450 chevaux à 6250 tr/min 421 chevaux à 6750 tr/min

Couple

550 Nm de 2350 à 5500 tr/min 500 Nm de 5000 à 5250 tr/min
Transmission Boîte manuelle à six rapports Boîte robotisée à huit rapports
Type de transmission Propulsion Intégrale
0 à 100 km/h 4,2 secondes 3,9 secondes
Vitesse de pointe 280 km/h 270 km/h
Poids 1550 kilos

1560 kilos

La Mercedes-AMG a le droit à un quatre cylindres 2,0 litres turbo de 421 chevaux et 500 Nm de couple. Pour compenser l'ablation de deux cylindres par rapport à la "béhème", le quatre pattes de la Mercedes possède une armada de systèmes sophistiqués permettant de faire de ce moteur le roi du rendement. C'est un petit moteur, certes, mais un vrai moteur d'ingénieurs.

Sans tous les citer, nous pouvons, par exemple, évoquer l'injection d'essence à deux étages (dans un premier temps, les injecteurs déversent le carburant dans les chambres de combustion à des pressions pouvant atteindre 200 bars et dans un second temps, un système d'injection dans la tubulure d'admission avec électrovannes est ajouté pour permettre au moteur d'atteindre sa pleine puissance), l'ajout d'une pompe à eau électrique à haut rendement ou encore un système de refroidissement à deux temps permettant de refroidir à des températures différentes le bloc-cylindres et la culasse.

Machines à sensations ?

Côté châssis, la BMW M2 CS hérite de la suspension pilotée des anciennes M3 et M4, de quoi lui donner un comportement beaucoup plus docile à basse vitesse que la première M2. La Mercedes-AMG alterne le bon et le moins bon niveau confort, avec un mode "Comfort" caricatural, surtout avec la suspension, faussement confortable puisque nous avons noté un phénomène de rebond après compression.

Du coup, le mode "Comfort" n'est pas vraiment optimal, même pour un usage conventionnel. Mieux vaut passer en mode "Sport" et avoir quelque chose de plus ferme et moins caricatural. Sauf que du coup, la Mercedes est aussi plus ferme que la BMW. Un comble puisque la M2 CS est censée être la plus pistarde des deux.

Lors de notre comparatif, pas de chance, il pleuvait. Il faut dire que nous l'avons bien cherché puisque nous sommes allés en Normandie. En propulsion et avec des gommes semi-slicks Michelin Pilot Sport Cup 2, il vaut mieux ne pas jouer les téméraires avec notre M2 CS. Ça patine en un, en deux, en trois, et même jusqu'en quatre quand on met pied dedans. Il faut savamment doser l'accélérateur en sortie de courbe, au risque de voir le train arrière passer devant plus vite qu'un battement de cils.

La Mercedes-AMG A 45 S et sa transmission intégrale fait le spectacle sous la pluie et passe plus vite à peu près partout. Les Michelin Pilot Sport 4S sont impériaux, comme toujours, et ça motrice partout, tout le temps et par tous les temps. La Mercedes se montre incroyablement endurante avec des mises en vitesse canons, sous une sonorité artificiellement rauque, et des freins à l'endurance phénoménale pour de simples aciers avec des disques de 350x34 millimètres à l'avant et de 330x22 millimètres à l'arrière.

Un rapide tour dans la BMW M2 CS équipée de ses freins céramiques (8000 euros) de 400x38 millimètres à l'avant et 380x28 millimètres à l'arrière suffit pour nous rappeler que des céramiques, c'est quand même mieux, surtout une fois à température, avec une attaque en début de pédale assez bluffante et une endurance constante sans risque de surchauffe. C'est bien, mais ça coûte cher à l'achat et surtout à l'entretien, même s'ils sont censés durer plus longtemps que des aciers classiques. Si vous êtes amenés à faire de la piste avec votre M2 CS, cet "investissement" peut se justifier.

Deux philosophies différentes

Solide et robuste sur ses appuis, la Mercedes-AMG A 45 S impressionne par la santé de son moteur, avec une allonge assez impressionnante pour un quatre cylindres. La boîte de vitesses robotisée à huit rapports est plutôt rapide et bien gérée, bien qu'un poil trop rapide pour les rétrogradages au freinage. Nous n'avons pas ce genre de problème avec la M2 CS et sa délicieuse boîte manuelle parfaitement guidée et délicatement accrocheuse sur les premiers rapports. C'est génial, et investir 3950 euros pour la remplacer par la DKG à sept rapports relèverait du blasphème à nos yeux. Tout ça pour gagner 0,2 seconde sur le 0 à 100 km/h.

La Mercedes-AMG A 45 S est une redoutable machine à performance et n'escomptez pas la mettre en défaut en courbe sans dépasser les lois de la physique. Imperturbable, elle pourra vous donner quelques sensations "brutes" en activant le mode "Drift". Pour cela, après avoir brillamment réussi votre doctorat en "comment faire simple quand on peut faire compliqué", vous devrez, en mode "Sport+" ou encore mode "Race", passer la boîte en mode manuelle, puis retirer l'ESP, appuyer quelques secondes sur les deux palettes derrière le volant et ensuite appuyer sur la palette de droite pour confirmer que l'on souhaite bien utiliser le mode "Drift".

La Mercedes-AMG A 45 S est l'une des seules de la catégorie, avec l'ancienne Ford Focus RS, à proposer ce mode qui, de prime abord, a l'air assez drôle. Si celui de la Focus RS est très simple à utiliser, mais aussi très anti-naturel puisqu'il ne faudra pas contre-braquer au moment de la glisse, mais bien braquer dans le sens de la glisse, celui de la Mercedes-AMG est moins permissif et beaucoup moins prévenant. Si la Focus RS s'inscrit très facilement en glisse, il faudra un peu plus brusquer l'Allemande. Il faudra surtout très vite reprendre les gaz au moment où l'arrière se dérobe pour ne pas se prendre un vilain coup de raquette.

Pas besoin de tout ça pour la BMW M2. Même si son train avant est incisif et passe très fort dans les virages, la M2 CS ne sait pas se montrer ennuyeuse. Il faudra toujours garder à l'esprit que c'est une propulsion, surtout sous la pluie, et qu'il est, de temps en temps, possible de se faire légèrement trop embarquer par l'inertie à l'inscription en virage. C'est à ce moment précis qu'il faudra se montrer vigilant et savamment maîtriser l'art du contre-braquage.

La voiture est assez communicative, notamment grâce à sa direction brillamment précise et consistante, pour vous prévenir que les limites sont proches. Les décrochages violents façon Porsche 911 ? Très peu pour la M2 CS. Merci à l'architecture moteur avant + transmission arrière, un exemple d'équilibre et de plaisir sur ce type de voiture.

Quel bilan en tirer ?

Voici donc deux belles machines à sensations, difficiles à départager en termes de performances, mais complètement aux antipodes concernant les sensations de conduite. Malgré tous les efforts du monde du côté d'Affalterbach, le quatre cylindres n'arrive pas à la cheville du fameux six cylindres BMW, et ça ne présage rien de bon pour Mercedes en vue d'un futur comparatif entre la BMW M3 (qui conserve un six cylindres) et la future Mercedes-AMG C 63 qui aura le droit au quatre cylindres de l'A 45 S étayé d'un ou plusieurs moteurs électriques.

À 99'800 euros la BMW M2 CS, et 112'980 euros pour notre modèle d'essai présenté en photo, la douloureuse est très salée pour une compacte sportive, certes enthousiasmante, et certes limitée à 2200 exemplaires dans le monde. Sans oublier les 30'000 euros de malus en France en 2021. La Mercedes-AMG A 45 S démarre à partir de 70'700 euros (80'600 euros pour notre modèle d'essai) et a le droit à un malus de 19'641 euros en France en 2021. Au final, clés en main, en France, en 2021, "notre" BMW M2 CS revient à 142'980 euros contre 100'241 euros pour la Mercedes. Hallucinant et décourageant.

Pas donné pour deux compactes sportives donc, et même si la BMW M2 CS possède un côté plus exclusif que la Mercedes-AMG A 45 S, cela ne justifie certainement pas une facture aussi salée. Mais nous pouvons parfaitement comprendre que cette fabuleuse M2 CS puisse motiver certains clients à casser leur tirelire pour acquérir un morceau d'histoire de BMW, car même si la future M2 devrait aussi avoir le droit à un six cylindres et une architecture de propulsion, les nouvelles contraintes ne devraient sûrement pas lui donner le charme de la M2 actuelle.

La M2 CS, c'est un savant mélange entre sportives d'avant et d'aujourd'hui, saupoudré d'une pointe de nostalgie. Si la Mercedes-AMG A 45 S est performante, la BMW M2 CS est brillante et mérite d'entrer, sans trop de problèmes, au Panthéon des sportives, et rejoindre quelques BMW d'antan siglées du "M".

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