Punaises de lit, gale : comment les reconnaître et s'en débarrasser ?

26/02/2022 Par acomputer 573 Vues

Punaises de lit, gale : comment les reconnaître et s'en débarrasser ?

Les punaises de lit, des hôtes très envahissants

Elles nous adorent ! Se nourrissant de sang humain, elles injectent leur salive allergisante, occasionnant des envies irrépressibles de se gratter, voire des réactions étendues comme de l'urticaire. Mais tout le monde ne réagit pas de la même façon. « Dans 30 % des cas, leurs piqûres sont même asymptomatiques », note le Dr Arezki Izri, chef du service de parasitologie-mycologie à l'hôpital Avicenne de Bobigny (93). L'infestation peut alors être découverte par hasard. La bonne nouvelle, c'est qu'à ce jour l'insecte ne semble pas transmettre de maladies.

Un véritable fléau

Que l'on se rassure, leur multiplication n'est liée ni à un manque d'hygiène ni à l'insalubrité, mais semble due à la résistance aux insecticides. « Cette résistance concerne aussi bien les œufs que les punaises adultes. Elle est maintenant génétique, car on observe des mutations sur l'ADN des insectes », informe le Dr Izri. La recrudescence des punaises dans nos maisons est liée aussi à l'accroissement des voyages. On les ramène dans nos valises après un séjour dans des lieux très fréquentés (hôtels, chambres de tourisme, y compris de luxe). Comme elles survivent plusieurs mois sans manger et peuvent se déplacer d'une pièce à l'autre, elles envahissent peu à peu toute la maison, voire l'appartement voisin ! Sachant qu'une femelle pond entre deux cents et cinq cents œufs dans sa vie et que, cinq semaines plus tard, ces derniers sont capables à leur tour de pondre, leur multiplication devient vite exponentielle.

Des symptômes à identifier

A la différence des piqûres de moustiques, les leurs sont multiples (au moins par trois), en ligne ou regroupées, laissant des petites traces rouges. Diffcile en revanche de déni­cher ces bébêtes pas plus grandes qu'un pépin de pomme, car elles fuient la lumière et ne sortent que la nuit pour piquer. Seule solution, inspecter leur cachette : recoins des matelas ou des canapés, fentes du som­mier, du parquet, du bois des meubles, des plinthes, dessous des tapisseries, prises électriques. On peut parfois identifier plus facilement leurs excréments, des taches noires ou brunes (sang digéré) qu'elles lais­sent où elles se nichent ou… sur les draps.

Elimination toute !

Mieux vaut réagir tout de suite ! Le Dr Izri propose un protocole en trois étapes, pour lequel il note de bons retours. La chambre étant souvent le premier lieu contaminé, on traite par le chaud (lavage à 60 °C en machine) les draps et les vêtements qui se trouvent à l'extérieur des armoires. On passe ensuite l'aspirateur dans tous les recoins, matelas et sommier compris. Puis on traite le lit et la chambre entière au nettoyeur à vapeur à 120 °C. En cas d'échec, c'est toute la maison qu'il faut soumettre à ce traite­ment ! Et si rien n'y fait, il ne reste plus qu'à contacter une entreprise de désinsectisation « qui mise sur les traitements thermiques », insiste le Dr Izri. « Je déconseille celles qui utilisent des insecticides. Nos expériences en laboratoire ont montré leur ineffcacité, même quand on plonge les punaises dedans. Et ils les rendent de plus en plus résistantes, sans compter leur toxicité potentielle. » Attention aussi aux traitements à base de terre de diatomée. Très en vogue car naturel, ce sédiment tient ses propriétés insecticides de la silice. « Or, même à faible concentration, elle est irritante pour les voies respiratoires », avertit l'expert.

La gale une maladie hypercontagieuse

Cette affection cutanée est due au « sarcopte », un acarien qui vit encore plus près de nous que les punaises. La femelle creuse son nid dans les couches superficielles de la peau et y pond ses œufs.

Un véritable fléau

Même si le manque d'hygiène la favorise, la gale touche aussi les gens propres, de tout âge. Le parasite profite de la multiplication des voyages et des hébergements en collectivité pour se développer à vitesse grand V ! Il passe d'une peau à l'autre après des contacts rapprochés (la gale fait d'ailleurs partie des infections sexuellement transmissibles), mais aussi par l'intermédiaire du linge ou de la literie infestés. D'où des épidémies régulières dans les écoles, les colonies de vacances, les auberges de jeunesse, « souvent par échange des vêtements, du linge de toilette, ou partage des essuie­mains », souligne le Dr Izri. Elle est ensuite rapportée au sein du cocon familial. Une personne atteinte héberge environ une dizaine de sarcoptes sous sa peau et chaque femelle pond deux ou trois œufs par jour, qui se reproduiront à leur tour après dix à quinze jours. La diffusion du parasite est donc rapide, d'autant que la contagion est possible alors que l'on est encore asymptomatique.

Des symptômes à identifier

Des démangeaisons intenses apparaissent plusieurs jours, voire plu­sieurs semaines, après la contamination. Ça démange surtout la nuit, sur tout le corps, en particulier « entre les doigts et au niveau des poignets », précise le Dr Izri. Les membres d'une même famille sont souvent atteints à quelques jours d'intervalle, ce qui aide parfois le médecin à en établir le diagnostic car, en général, aucune lésion n'ap­paraît. En cas de doute, un dermatologue peut mettre en évidence le sarcopte, qui est microscopique, à l'aide d'une loupe posée sur la peau.

Elimination toute !

A la différence des punaises de lit, le sarcopte est sensible aux insecti­cides et aux antiparasitaires. Selon les habitudes du médecin, ceux­ci sont prescrits par voie locale (Ascabiol ou Topiscab, à laisser agir plu­sieurs heures sur tout le corps) ou orale (Stromectol, en dose unique). « Dans les deux cas, il faut renouveler le traitement de sept à dix jours plus tard. En effet, ces molécules ne détruisent pas les œufs, qui vont donc finir par éclore », prévient le Dr Izri. De plus, toutes les personnes ayant eu des contacts rapprochés avec le patient atteint doivent être trai­tées, car elles peuvent avoir été contaminées. Traiter l'environnement est également indispensable, car le parasite peut y survivre plusieurs jours. Au choix, on lave à 60 °C la literie et les vêtements portés les trois derniers jours ou on les isole dans un sac hermétique au contact d'un insecticide durant quelques heures (A­Par, Enviroscab…). L'insecticide doit aussi être pulvérisé sur les tissus en contact avec la peau – matelas, canapé, sièges auto… Attention à l'utiliser à l'écart des asthmatiques et des jeunes enfants, et à ouvrir les fenêtres des pièces traitées.

Le bon réflexe

Se couper les ongles et se laver les mains. L'objectif est d'éviter une infection bactérienne cutanée à force de se gratter avec des ongles ou des doigts sales.

En prévention

Evitez d'étaler vos affaires dans les chambres d'hôtels – on peut les pendre ou les laisser dans la valise. De retour chez vous, en cas de doute, mettez vos vêtements dans des sacs plastiques en attendant de les décontaminer par le froid (congélation pendant deux ou trois jours à – 18 °C) ou le chaud (lavage à 60 °C ou passage au sèche-linge au moins une heure).

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