Comment j’ai rangé mon appartement grâce à une coach
J’avais imaginé le premier rendez-vous comme une sorte de confession contrite : « Bonjour, je m’appelle Maud et je suis bordélique. » Lorsque Sévan Matossian entre dans mon deux-pièces parisien de 30 mètres carrés, un matin de juillet, je n’en mène pas large. La quadragénaire a lancé son activité de home organiser il y a trois ans. En bon franglais, elle est coach en rangement. En bon français, elle est magicienne.
De mon appartement où s’empilent depuis des années des objets inutiles, elle promet de faire un espace à la Marie Kondo, célèbre consultante japonaise en économie domestique, respirant le calme et l’absence de superflu, moyennant 400 euros la journée. C’est cher, certes, c’est un service de luxe, indéniablement, mais c’est le prix à payer pour ma flemmardise légendaire et mon incapacité presque pathologique à ranger.
Sévan Matossian me rassure : « Je ne juge jamais personne. On entre dans l’intimité des gens, ce qui n’est pas toujours évident pour eux. Il faut être patient et bienveillant », explique-t-elle. Le premier rendez-vous sert à évaluer les dégâts… euh non, les besoins. « Je m’adapte à chacun. J’essaie d’en savoir le plus possible sur le mode de vie des clients. Est-ce que tu cuisines ? Est-ce que tu travailles chez toi ? Tes habitudes de shopping ? Lis-tu beaucoup ? Dans quelle pièce te maquilles-tu ? Reçois-tu beaucoup tes amis ? Qu’attends-tu de cette expérience ? As-tu du mal à te séparer de tes objets et vêtements ? »
Le diagnostic s’affine. S’il n’est pas tout à fait question de « retrouver ma joie », comme le proclame Marie Kondo, je veux gagner de l’espace, de la sérénité, et avant tout m’alléger. Deux journées et demie de rangement seront nécessaires, selon Sévan Matossian, qui découpe la tâche ainsi : salon, bibliothèque et papiers administratifs le jour 1. Chambre et dressing le jour 2, et une matinée pour l’organisation de la cuisine. « La salle de bain est si petite que je ne vois pas bien ce que l’on pourrait faire », me dit-elle. Bienvenue dans les intérieurs parisiens.
« Tout sortir »
Armée de son équipement – des gants en plastique, des sacs-poubelle, différentes boîtes de rangement, une petite machine à étiqueter −, la jeune femme débarque dans mon intérieur désordonné par une matinée ensoleillée. Sa méthode a le mérite d’être efficace : chaque tiroir de commode, chaque étage de la bibliothèque est vidé de son contenu, qui finit en pile sur le sol du salon. La montagne qui en résulte provoque de légères palpitations cardiaques. « Il faut tout sortir pour avoir tout sous les yeux », dit-elle, lisant sans doute la terreur dans mon regard.
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