Femmes de djihadistes

30/03/2022 Par acomputer 589 Vues

Femmes de djihadistes

Les casques et les boucliers s’entrechoquent. En cette soirée du vendredi 9 janvier, les hommes de la brigade de recherche et d’intervention (BRI) empruntent les marches au lino noir pour rejoindre le quatrième étage qui leur est dévolu, sous les toits du 36, quai des Orfèvres, à Paris. Le long de l’escalier, les collègues des autres brigades les attendent, forment une haie d’honneur pour ceux qui viennent de neutraliser l’un des trois terroristes. Un premier applaudissement, puis beaucoup d’autres. On se tape dans le dos, on se félicite. La clameur s’amplifie, résonne.

Dans un bureau de « la Crim », au 3e étage, un avocat commis d’office et sa cliente gardée à vue sont contraints d’interrompre leur conversation, ils ne s’entendent plus. Après de longues minutes de ce silence imposé par le brouhaha, Izzana Kouachi se penche par-dessus la table et hurle à son conseil : « C’est terminé, j’ai compris ! » Elle ne doute pas un instant que la folle cavale de son époux, un des auteurs de la tuerie du 7 janvier à Charlie Hebdo, s’est achevée comme elle avait démarré ; dans le sang.

Lire aussi : « Charlie Hebdo » : l'épouse de Chérif Kouachi "condamne" ses actes

Femmes de djihadistes

Celle qui, à 34 ans, est désormais veuve, vacille. Son regard se fait moins sombre, sa peau pâle se teinte d’émotion. L’espace d’un instant. Puis Izzana se reprend. La main qui maintient enserré autour de son visage un hijab ne lâche pas son emprise. Plus tard, Izzana Kouachi demandera à l’avocat commis d’office : « Dites bien aux journalistes que je pense aux familles des victimes, que je condamne ces actes. » Selon une source qui l’a observée durant ces heures-là, « elle était déjà dans l’après, comme si son deuil était fait de longue date ».

Du bikini au niqab

A plus de 4 000 kilomètres de là, Hayat Boumeddiene, « épouse » Coulibaly − elle s’est mariée devant Dieu, pas devant monsieur le maire − s’apprête à passer sa deuxième nuit en Syrie. Cette jeune femme de 26 ans, qui serait enceinte d’au moins quatre mois, a passé quatre jours en Espagne avec son conjoint futur tueur de Montrouge et de la porte de Vincennes. Puis, accompagnée de membres d’une ancienne filière afghane de candidats au djihad, elle s’est réfugiée sur les terres de l’Etat islamique (EI). Un dernier week-end en amoureux et une exfiltration de France juste avant que son « mari » ne passe à l’acte laissent à penser que celle qui, sur les photos du couple, évolue de postures cambrées en bikini à des poses guerrières en niqab, arbalète au poing, n’ignorait rien des funestes projets qui se tramaient.

Il vous reste 88.15% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.