L'Echappée Benne, des achats d'occasion avant de sauter dans le train

07/12/2022 Par acomputer 438 Vues

L'Echappée Benne, des achats d'occasion avant de sauter dans le train

A 15 kilomètres à l'ouest de Rennes, à la gare de L'Hermitage, on peut prendre le train. Normal ! direz-vous. Mais on peut aussi y acheter des vêtements ou des meubles d'occasion. Une ressourcerie, l'Echappée Benne, y propose des objets de seconde main, sauvés des déchetteries ou donnés par des particuliers.L'Echappée Benne, des achats d'occasion avant de sauter dans le train L'Echappée Benne, des achats d'occasion avant de sauter dans le train

Ça frotte, ça balaie. Les murs, les sols, les fenêtres, tout y passe… Les anciens locaux de la gare de l’Hermitage se transforment en recyclerie. Un magasin dans l’air du temps puisqu’y sont en vente des objets d’occasion, récupérés auprès de particuliers ou sauvés des déchetteries de la métropole rennaise. Ils trouvent ici une deuxième vie. A l’image de ce que propose Emmaüs.

Alors ce matin-là, si tout le monde astique dans la bonne humeur, c’est que l’ouverture d l'Echappée Benne est l'aboutissement d'un long chemin pour porter ce projet.

"Ce sera joli. C’est la récompense de tout notre travail, se félicite Marie-Andrée, chiffon à la main. C’était vraiment sale, il y avait des mouches partout quand on est entrés dans le bâtiment, des milliers de mouches. C’était resté fermé trois ans !"

Marie-André, Cheik, Betty, Jean-Louis… sont tous bénévoles. Ils ont suivi cette aventure dans le sillage d’une jeune femme brune, pleine d’énergie, Mélanie Anger.

Son deuxième enfant naît en 2017 et les remises en question aussi : "Septembre 2017, je me dis je veux monter une recyclerie. Il faut consommer autrement, pas seulement du neuf, réutiliser les objets."

Réutilisation, réemploi

D’un ton sec et saccadé, Mélanie se remémore ce parcours du combattant. Elle a pris le temps de s’assoir pour discuter, mais la façon dont elle tire sur sa cigarette électronique trahit son empressement à retourner sur le chantier. Elle en a surmonté des obstacles, fédéré des forces pour retaper cette ancienne gare SNCF, récolter des objets. "J’avais vraiment envie d’agir dans le développement durable et la transition écologique, affirme l’ancienne éducatrice de jeunes enfants dans un sourire. C’est sûr que c’est la recherche de sens qui m'a guidée."

Les zones de réemploi des déchetteries

L'Echappée Benne, des achats d'occasion avant de sauter dans le train

Mélanie a frappé à la porte des collectivités locales, suivi une formation en économie sociale et solidaire, puis signé une convention avec Rennes Métropole. Cet accord lui donne accès aux déchetteries de la métropole. "Sur les 19 déchetteries de la métropole, 11 sont équipées de zones de réemploi," explique Laurent Hamon, vice-président de Rennes Métropole en charge des déchets et de l'économie circulaire. Dans ces déchetteries, des "agents valoristes", invitent les particuliers à déposer les objets qui peuvent être réutilisés dans ces zones de réemploi, où seules les ressourceries agréées par la métropole peuvent venir se servir.

Plus de 500 tonnes de déchets réutilisés en 2021

"On jette trop, constate l'élu. Alors qu'on peut donner une seconde vie à beaucoup de matériel. En 2019, grâce à ce dispositif, on a 'détourné' 242 tonnes de déchets des déchetteries de la métropole. Pour 2021, on en est déjà à 490 tonnes fin août."

Rennes Métropole versera une aide de 6 000€ au démarrage de l'Echappée Benne, comme pour toutes les ressourceries avec lesquelles elle signe une convention. Ensuite les subventions dépendront du nombre de tonnes "détournées" et de la surface de vente.

Retour à l'Hermitage

Réduire les déchets sur son territoire, c’est aussi ce qui a séduit Jean-Louis. A L'Hermitage, lui aussi ne lésine pas sur ses efforts pour remettre l'ancienne gare en état."Il faut pouvoir remettre à disposition des affaires pour des gens qui n’ont pas de moyens" , abonde le retraité.

"Tu peux venir réparer un truc dans les toilettes ?" Betty interpelle Besmir, qui s’exécute. Mais Betty est déjà partie ailleurs : "Ah, faut pas mettre des cochonneries dans l’évier !"

La fourmilière des bénévoles n'en finit pas, on se croirait dans une gare aux heures de pointe ! Aujourd'hui, Alain passe le balai. Demain, il attaque la peinture ensuite il posera les étagères, assure-t-il. "On s’est rencontrés au forum des associations, sourit Alain. J’ai tout de suite été partant pour le projet. Si seulement on pouvait moins jeter…"

"Un totem de l’économie sociale et solidaire"

Mélanie, elle, voit déjà plus loin. Elle veut faire de l’Echappée Benne un "totem de l’économie sociale et solidaire" dans le Nord-Ouest de la métropole rennaise.

"Il faudrait pouvoir aussi proposer un repair café (NDLR : lieu d’entraide pour apprendre ou aider à réparer des objets du quotidien), un espace de convivialité, d’expositions, avoir un lieu de stockage qui jouxte la boutique… Et créer des emplois pour trier, coordonner les bénévoles, communiquer…Mais le chiffre d’affaires dépendra de la superficie, avance Mélanie Anger. On ne vend pas cher mais on vend beaucoup, donc il nous faut de l’espace."

Autant dire que les 100 m2 des locaux de l’ancienne gare de l’Hermitage ne seront qu’une première étape. Le train de Mélanie et de l’Echappée Benne devrait vite filer vers d’autres horizons.