Rétrospective 2021 : comment être (femme) journaliste en Afghanistan, sous les talibans ? Rétrospective actu

18/06/2022 Par acomputer 475 Vues

Rétrospective 2021 : comment être (femme) journaliste en Afghanistan, sous les talibans ? Rétrospective actu

Le 15août 2021 est une journée historique que la rédaction de TOLOnews parvient à couvrir, alors même que la majorité de la rédaction a fui le pays par crainte précisément des talibans.

Il faut savoir que TOLOnews est une chaîne qui a été régulièrement menacée et même visée par les talibans pendant la guerre. En2018 notamment, suite à un attentat revendiqué par les talibans, deux journalistes sont tués, un caméraman et un reporter de la chaîne. C’est donc une chaîne qui avait tout à craindre de leur retour au pouvoir. Et effectivement, énormément de journalistes ont quitté la rédaction les 15, 16 et 17août. A un moment donné, il ne restait que trois employés dans la chaîne, un membre de la direction, un présentateur et un caméraman. Et cette journée du 15août, ils parviennent à rester à l’antenne, à garder l’antenne, c’était un souhait de ce membre de la direction.

Ils arrivent à rester à l’antenne en continu, car c’est une chaîne d’information continue, c’était le souhait de ne justement pas avoir un écran noir pour ne pas créer encore plus de panique à un moment aussi critique. Ils y sont donc parvenus: à 18heures, ils ont un journal. Aujourd’hui, ce présentateur a fui l’Afghanistan, comme la vaste majorité de la rédaction et comme tant d’autres Afghans qui avaient peur de cette avancée des talibans. Et il a donc été remplacé par d’autres journalistes, par de nouveaux journalistes, des jeunes journalistes qui osent travailler, dont Tahmina Osmani, 22 ans, qui aujourd’hui présente la matinale et deux journaux court à 13h et à 11h.

Une femme qui présente les journaux

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Vu d’ici, très clairement, ça paraît surprenant qu’une femme présente le journal alors que les talibans ont repris la main. Et c’est une situation évidemment très compliquée. Concernant le droit des femmes, puisque comme le gouvernement taliban est un nouveau gouvernement, il n’y a pas encore de nouvelles règles précises, il n’y a pas encore de nouvelles lois, il n’y a pas encore de punitions précises, on va dire, mais ça reste une situation très inquiétante, ne serait-ce qu’à cause du climat de peur qui fait que plein de femmes n’osent plus faire certaines choses.

C’est-à-dire que rien n’est formellement interdit, mais il y a quand même une sorte d’autocensure par peur des talibans, de peur des soldats qui sont dans la rue, de voir comment ils pourraient réagir s’ils voyaient par exemple une femme seule se promener. Mais des femmes dans les rues de Kaboul, par exemple, il y en a encore. Elles ne sont pas du tout en burqa, on a des femmes en jeans avec des foulards qui laissent passer leurs cheveux, mais on a aussi des femmes qui n’osent par exemple plus aller à la piscine, qui n’osent plus faire du sport. Encore une fois, ce n’est pas formellement interdit, mais elles n’osent plus le faire.

Dans les faits, les femmes peuvent encore travailler, mais beaucoup ont été intimidées et n’osent plus le faire. Elles peuvent encore faire du sport, mais beaucoup n’osent plus en faire. Elles peuvent sortir seules dans la rue sans " maram ", c’est-à-dire sans gardien, mais beaucoup n’osent plus le faire non plus. Il y a ces intimidations dans la rue et c’est ça qui fait peur à beaucoup d’Afghanes.