Procès de l’acteur Saïd Bogota: «Un trou dans la tête»: le calvaire de la victime, les aveux de l’accusé

21/08/2022 Par acomputer 415 Vues

Procès de l’acteur Saïd Bogota: «Un trou dans la tête»: le calvaire de la victime, les aveux de l’accusé

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Jugé pour tentative d’assassinat sur le compagnon d’une ex, l’acteur Saïd Bogota a pour la première fois reconnu les faits.

«Je suis un miraculé» : Paul*, retrouvé en «état de choc complet», «un trou énorme dans la tête», du sang «dégoulinant sur le visage», a détaillé son calvaire devant les assises à Évry, où le principal accusé, Saïd Bogota, a reconnu avoir voulu le tuer.Procès de l’acteur Saïd Bogota: «Un trou dans la tête»: le calvaire de la victime, les aveux de l’accusé Procès de l’acteur Saïd Bogota: «Un trou dans la tête»: le calvaire de la victime, les aveux de l’accusé

«En état de souffrance extrême»

S’il avait avoué avoir commis des violences contre Paul, Saïd Bogota a pour la première fois reconnu avoir voulu le tuer sous le coup de la colère, alors qu’il s’enfuyait.

La veille, le principal accusé a admis «ne plus arriver à (se) regarder dans un miroir. Je me trouve laid – un monstre – pour ce que j’ai fait».

Les témoins, policiers, médecin et surtout la victime sont revenus sur ces heures de décembre 2018.

En plein après-midi, une habitante médusée du village de Saint-Chéron (Essonne), prend en charge un jeune homme de 17 ans «en état de souffrance extrême», rapporte un policier rapidement arrivé sur les lieux.

Paul a réussi à échapper à des hommes, dont le commanditaire présumé, l’acteur Saïd Bogota, jugés depuis lundi pour avoir commandité et participé à son enlèvement, sa séquestration et sa tentative d’assassinat, en raison d’une jalousie amoureuse.

Procès de l’acteur Saïd Bogota: «Un trou dans la tête»: le calvaire de la victime, les aveux de l’accusé

À la barre, une autre policière dit avoir été «choquée» en voyant cet adolescent, «recroquevillé sur lui-même, (… qui) perd(ait) vraiment beaucoup de sang. J’ai (eu) peur qu’il décède.»

Sur place, le médecin du Samu constate un «énorme trou dans la tête», des brûlures au niveau du corps et des voies respiratoires, des doigts nécrosés. Le pronostic vital étant engagé, il plonge la victime en coma artificiel.

«C’était inhumain»

Courtois, la voix calme mais vrillant parfois sous l’émotion, Paul déroule le fil de l’histoire, debout à la barre, à quelques mètres des accusés

À une soirée, il rencontre Marion*, qui lui assure «qu’elle n’est plus en couple». «La relation se passait bien et en aucun cas, je n’ai appris l’existence de Monsieur (Bogota)», ancien compagnon de Marion, déclare Paul.

Quelques semaines plus tard, l’apprenti mécanicien est enlevé près de son lieu de travail. Parmi ses kidnappeurs, il reconnaît Saïd Bogota.

Le captif reçoit «claques et gifles» dans la voiture et témoigne de l’état d’ivresse du comédien: «Je n’ai jamais été aussi bourré qu’il l’était, c’était choquant.»

Les deux hommes l’emmènent dans une cave, rejoints par un troisième, et «(l') aspergent de bombe lacrymogène, beaucoup, beaucoup».

Lorsqu’il découvre un message équivoque de Marion sur le téléphone de Paul, Saïd Bogota «est devenu fou». Il revient avec une bouteille d’acide chlorhydrique. Paul reçoit alors du produit toxique au visage et en ingère. «Je n’arrivais plus à respirer, j’étais aveugle», panique le jeune homme.

Une voisine s’étonnant du bruit, il est transporté dans un champ où il reçoit deux tirs de flashball à la tête et perd temporairement connaissance.

«Il a vu ma tête, il faut le terminer»

«Je ne savais pas qu’un humain…» Paul ne peut pas terminer sa phrase, mais se souvient que Saïd Bogota «le regardait dans les yeux» et qu’il l’avait frappé avec rage à la tête avec une clé à molette, une vingtaine de coups selon lui.

Avant d’être aspergé d’essence puis incendié, l’adolescent entend Saïd Bogota s’énerver: «Maintenant qu’il a vu ma tête, il faut le terminer.»

Parvenant à ôter ses vêtements enflammés, Paul court «de toutes ses forces» et se réfugie auprès d’une riveraine, à qui il demande «de rester près de (lui), de (lui) tenir la main».

Venu le voir à l’hôpital, un ami «a reculé tellement c’était inhumain», se remémore-t-il en pleurant.

Aujourd’hui, le jeune homme conserve des séquelles physiques et psychologiques importantes.

«J’espère que la justice arrivera à mettre la peine maximum parce que c’était un meurtre. Si cette dame (la voisine) n’avait pas été là, je serais mort.»

(AFPE)