Un drôle de job : Alex chasse les vers sur les plages en Bretagne

18/05/2022 Par acomputer 531 Vues

Un drôle de job : Alex chasse les vers sur les plages en Bretagne

Par Helen Herault Publié le Le Penthièvre Voir mon actu

Demi-dure, vers noirs, bibis… Alejandro Hernandez en est dingue. C’est sa passion. Il ne s’agit pas de n’importe quel lombric : uniquement ceux qui vivent sous la plage. Le bibi a évidemment ses faveurs : c’est l’or jaune de tous les chasseurs de vers.

Long, visqueux, sans queue ni tête, il gigote, se tord sans aucune grâce… Et quand Alex plonge les mains dans le seau et en sort une poignée grouillante, ce n’est franchement pas très ragoûtant… Pourtant Alex s’extasie :

Et ces fameux bibis, qui n’ont de mimi que le nom, ce pêcheur à pied pas comme les autres pourrait vous en parler pendant des heures.

Les crottes de sable de l’arénicole

En Bretagne, on connaît bien l’arénicole, qui laisse des petits colombins de sable qu’on aime écraser du bout des orteils lorsque l’on se balade pieds nus sur la plage. Alex aquiesce :

« Le ver noir. J’en pêche aussi beaucoup. Je vais souvent sur la plage de Caroual, pas loin de chez moi à Erquy, pour compléter mes commandes lorsqu’il m’en manque ».

C’est un appât utilisé dans le coin par les plaisanciers : un ver très attractif pour de nombreuses espèces surtout les poissons plats !

Le bibi, l’or jaune des plages

Il y a aussi la demi-dure, un appât très polyvalent et pas très cher à l’achat qui convient bien aux pêcheurs débutants. Ou la gravette blanche un peu plus rare.

Mais le ver qui a fait basculer la vie d’Alex, c’est le bibi : un ver à la peau épaisse, très résistant à l’hameçon et qui permet de pêcher des grosses prises. « C’est parfait pour pêcher la daurade royale, se réjouit le jeune homme. Du coup c’est la Rolls des appâts pour le surfcasting ! »

Un drôle de job : Alex chasse les vers sur les plages en Bretagne

Le surfcasting, c’est une technique de pêche en bord de mer, ou positionné sur les rochers ou à même la plage, à l’aide d’une longue canne d’au moins 4 mètres, on lance sa ligne derrière les vagues, jusqu’à 150 mètres.

Pour le surf casting

Alex est amateur de surfcasting depuis tout jeune et c’est pour ça qu’il s’est mis à pêcher le bibi.

Arrivé en Bretagne pendant l’enfance, même si la pratique est nettement moins répandue, Alex continue le surfcasting et se met en quête de ses propres appâts.

Grâce aux concours de pêche auxquels il participe et voyant le prix des appâts, notamment sur la côte Méditerranée, lui vient l’idée de créer son affaire.

Chasseur de vers professionnel

Il a mis du temps à monter son projet. « Je suis passé par plusieurs petits boulots, mais j’ai aussi beaucoup étudié sur tous les types de vers, leurs habitats, leur modèle de croissance… » En 2017, il décide de se lancer.

Le Morbihan possède déjà sa licence. « Mais en fait il n’y a pas de chasseur de ver. Ils ont créé la licence notamment pour éviter le braconnage. Des Portugais surtout, très forts pour la pêche au bibi, venaient braconner. Avant, ils étaient sur le bassin d’Arcachon, mais la pêche au bibi a été interdite là-bas. Alors ils sont venus dans le sud Bretagne. Mais grâce à la licence, maintenant, c’est légiféré ».

Un ver de luxe

C’est que le bibi peut rapporter gros !

Alex suit des formations, trouve plusieurs grossistes, dont Normandie Appât, son plus gros client, qui lui a fourni un vivier professionnel et l’assurance de la vente de sa pêche.

Mais les coins à bibis, c’est comme les coins à champignons : on les garde secrets, ça vaut de l’or.

Chez lui, Alex a installé des viviers où il entrepose sa pêche avant de livrer ses vers par la poste.

Le rêve d’Alex, c’est d’avoir sa propre affaire : « Former d’autres pêcheurs de vers pour travailler avec moi et devenir moi-même grossiste. Il y a un vrai potentiel ici. Et je n’ai pas envie de fourcher toute ma vie. »

Même s’il reconnaît que les après-midi à la plage, c’est plutôt sympa.

Et les huîtres sauvages !

Car quand vient la fin de l’été, c’est la fin de la récolte des vers. « Ils s’enfoncent dans le sable pour hiberner quand il fait trop froid, et la demande est plus faible. »

Alors Alex utilise sa licence pour une autre activité tout aussi insolite : il pêche les huîtres sauvages sur les rochers pour les revendre aux restaurants principalement, aux mareyeurs aussi.

Ce n’est qu’au mois de mars qu’il réapparaît avec sa fourche à Caroual et aux alentours.

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Quand vous le verrez, il ne faut pas hésiter : il sait raconter les histoires de vers comme personne.

Avec ses bibis, ils fascineraient n’importe qui.

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