Le Vendredi fou pris pour cible par des environnementalistes

08/07/2022 Par acomputer 552 Vues

Le Vendredi fou pris pour cible par des environnementalistes

Réunis à l'initiative des groupes Extinction Rebellion et Laplanète s'invite à l'université, une trentaine de militants se sont massés vers 6h30 devant le détaillant d’articles électroniques Best Buy de la rue Sainte-Catherine pour envoyer leur message aux consommateurs en quête d’aubaines.

Ils ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire Achetons moins, choisissons bien, faisons durer, 35000enfants travaillent dans des mines de cobalt pour la fabrication des cellulaires ou Un chandail en coton = 10220litres d’eau.

Après être demeurés quelques minutes devant le commerce, ils y sont entrés et ont circulé dans les allées, pancartes en main, avant de ressortir. L'ensemble de la manifestation, qui s'est déroulée en silence, a duré une quinzaine de minutes.

Alors que les entreprises proposent d’économiser 20%, 30%, nous, on propose d’économiser 100%, a expliqué Marouane Joundi, porte-parole de Laplanète s'invite à l'université.

Le message que les militants veulent envoyer, dit-il, est qu'il est possible de passer d’une économie de la surconsommation à une économie du partage, du don, de l’échange, de la réparation.

Des consommateurs mi-figue, mi-raisin

Des clients rencontrés à l'extérieur ou à l'intérieur du Best Buy n'ont pas paru ébranlés par la manifestation, même s'ils convenaient que la surconsommation est un problème réel.

Des manifestants d'Extinction Rebellion profitent du Vendredi fou pour dénoncer la surconsommation.

Photo:Radio-Canada / Alexandre Letendre

C’est vrai que c’est un gros facteur, mais moi, j’ai envie de changer de téléphone. Alors, du coup, je me suis dit: "Vas-y, pourquoi pas?", a admis un jeune homme.

Je ne suis pas entièrement en désaccord, mais je ne suis pas non plus en accord totalement, a commenté une autre femme faisant des emplettes, qui reconnaît ne pas avoir changé ses habitudes de consommation.

Même si seule une poignée de clients faisaient la file lorsque le Best Buy de la rue Sainte-Catherine a ouvert ses portes à 6h, le directeur de district pour l'entreprise, Rémi Sammoun, assure que le Vendredi fou demeure populaire.

Les gens veulent venir vivre l’expérience en magasin avec tout le monde qui est ici, a-t-il affirmé.

Le Vendredi fou pris pour cible par des environnementalistes

Il a souligné également que l'entreprise profite d'un populaire service qui permet aux gens de faire leurs achats en ligne, puis de venir chercher leur commande en magasin.

Le Conseil canadien du commerce de détail estime que les Québécois dépenseront 39% de leur budget moyen de 507$ pour leurs emplettes des fêtes à l'occasion du Vendredi fou, soit 3% de plus qu'en2018.

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Une friperie et une manifestation au centre-ville de Montréal

D'autres manifestations du même genre avaient lieu toute la journée.

Dans le Quartier des spectacles, une friperie a été organisée en plein air. L'occasion pour les participants d'échanger ou de donner des vêtements usagés dans un esprit d'économie de partage. Ce faisant, ils veulent dénoncer la frénésie des achats.

Les dons collectés pendant cet événement devaient être versés à des organismes de lutte contre la pauvreté.

En début d'après-midi, une marche rassemblant quelques dizaines de personnes a eu lieu au centre-ville pour dénoncer la surconsommation.

Présente à la manifestation, Lylou Sehili, porte-parole de Devoir environnemental collectif, a indiqué qu'elle marchait pour dénoncer la culture capitaliste dans laquelle on vit, qui nous aliène complètement. Aujourd'hui, c'est notre manière de [...] dire: "On n'est pas avec l'achat, on ne veut pas suivre ça de manière aveugle, on se mobilise, on ne peut pas participer à ça."

Vers 16h, quelques membres du groupe Extinction Rebellion Youth Québec ont signé un autre geste d’éclat, en collant leurs mains à la vitrine de deux magasins de vêtements, American Eagle et H&M, situés à l’intersection des rues Peel et Sainte-Catherine.

En agissant ainsi, ils ont voulu s'en prendre à l’industrie de la mode rapide qui exploite les travailleur.euses et l’environnement.

Nous faisons cela pour les enfants qui sont exploités et les ressources qui sont gaspillées, pour ceux et celles dont les droits sont brimés lors de la production des biens inutiles, a affirmé Oussama Kaidali, porte-parole de ce mouvement écologiste.

Des jeunes de Varsovie, en Pologne, ont aussi répondu à l'appel du mouvement de la grève mondiale pour le climat.
À Paris, toujours, des manifestants se sont fait entendre devant le quartier général d'Amazon à Clichy, au nord de Paris.
La veille, une action intitulée « Block Friday » avait tourné au vinaigre devant un centre de distribution d'Amazon à Saint-Priest, près de Lyon.
À Sydney, des « rebelles rouges » du mouvement Extinction Rebellion ont participé à une grève de l'école pour le climat devant les bureaux du Parti libéral australien.
Les militants turcs d'Extinction Rebellion ont aussi protesté à Istanbul, où un rassemblement contre l'industrie de la mode avait été organisé devant un centre commercial.
Le mouvement d'Extinction Rebellion a également été suivi par les cyclistes de Wageningen, aux Pays-Bas.
En France, des militants ont manifesté contre le Vendredi fou au mail des Quatre Temps, dans le quartier parisien de la Défense.
Les protestataires du quartier de la Défense ont notamment observé un sit-in pour dénoncer la consommation à outrance.
À Madrid, des militants particulièrement motivés ont même utilisé des ventouses pour dénoncer la surconsommation dans la vitrine d'un magasin Mango.
À Berlin, les protestataires allemands s'étaient plutôt donné rendez-vous devant la porte de Brandebourg.
Des centaines de Japonais ont également défilé dans les rues de Tokyo, sous l’œil ébahi des passants.
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Des jeunes de Varsovie, en Pologne, ont aussi répondu à l'appel du mouvement de la grève mondiale pour le climat.Photo:Reuters / Kacper Pempel

Amazon spécifiquement ciblé en Europe

Ailleurs dans le monde, d'autres groupes ont profité duVendredi fou pour dénoncer non seulement la surconsommation, mais aussi les conditions de travail imposées à des employés.

En Allemagne, des centaines d’employés travaillant dans six entrepôts d’Amazon ont débrayé pour réclamer de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail.

La grève, à l'appel du syndicat Verdi, doit durer jusqu'à mardi, perturbant ainsi l'activité de lundi, autre journée de promotion des ventes en ligne.

Leur travail ne peut pas être rémunéré à des montants dérisoires, a dénoncé Verdi dans un communiqué, en réclamant une convention collective pour garantir un salaire décent et des emplois de qualité et sains.

Le syndicat a accusé Amazon de priver le personnel de ses droits fondamentaux et de l'employer sous pression extrême.

En conséquence, de nombreux employés tombent malades, a-t-il prévenu.

Amazon a de son côté minimisé les effets de la grève, assurant que les commandes seraient livrées dans les temps.

L'entreprise affirme offrir des salaires qui correspondent à la fourchette supérieure des rémunérations pour ce type de travail, donner des avantages sociaux et réviser les salaires chaque année.

L'année dernière, le Vendredi fou avait été marqué par des arrêts de travail en Espagne, en Allemagne et au Royaume-Uni.

En France, des activistes du groupe Amis de la Terre ont bloqué jeudi la route menant à un entrepôt d’Amazon à Brétigny-sur-Orge, au sud de Paris, avant d’être délogés par la police. Ils dénonçaient aussi la surconsommation et les emplois précaires chez le géant du commerce en ligne.

À New York, la police a interpellé 23manifestants opposés au consumérisme devant les grands magasins Macy's.