Rencontre sans filtre avec Tom Ford : “Certains sont dotés à la naissance d’une volumineuse bourse testiculaire. D’autres naissent avec des petites couilles…”

25/04/2022 Par acomputer 509 Vues

Rencontre sans filtre avec Tom Ford : “Certains sont dotés à la naissance d’une volumineuse bourse testiculaire. D’autres naissent avec des petites couilles…”

Numéro Homme : Comment allez-vous ? Tom Ford : Je vais très bien, merci ! Et vous ?

Je suis sans voix, transi par votre indéniable sex-appeal. Ouais, ouais, ouais… [Rires.]

Qu’est-ce que ça fait d’être Tom Ford ? Elle est bizarre, votre question… Comment le savoir ? J’ai toujours été Tom Ford, et personne d’autre. Je manque un peu d’éléments de comparaison. J’ai une vie très chouette, j’ai beaucoup de chance, donc je serais tenté de vous répondre : “C’est fucking fabulous !” Je suis un homme heureux, donc c’est super d’être moi !

Dans quelle mesure peut-on dire que votre quotidien n’est qu’un tourbillon vertigineux de jeunes éphèbes et de pool parties, de jets privés et d’îles tout aussi privées, de masseurs huilés et de happy endings ? Désolé de vous décevoir, mais les éphèbes, les fêtes, l’alcool et la drogue font partie d’un passé révolu, qui n’a rien à voir avec ma vie actuelle. Aujourd’hui, quand je n’accompagne pas mon fils de 6 ans à l’école – ou à un anniversaire, le week-end –, je suis plongé dans le boulot jusqu’au cou… Et quand j’ai un moment à moi, je joue au tennis.

Vous avez lancé votre propre marque en 2006. Pourquoi avoir attendu si longtemps pour les sous-vêtements ? J’y avais déjà pensé il y a quelques années, mais jusqu’à une époque récente, pour être un acteur crédible sur ce marché, il fallait avoir un gigantesque réseau de distribution, sans être en mesure de contrôler l’apparence des points de vente ni la façon dont les produits étaient présentés ou positionnés au sein du magasin. Ce n’était clairement pas ce dont j’avais envie pour la marque. Puis, comme beaucoup de gens, je me suis mis à acheter presque exclusivement en ligne. Il y a deux ans, je me suis rendu compte qu’il était devenu possible de toucher directement une nouvelle génération de clients en s’appuyant en priorité sur Internet pour la distribution. Ma ligne de sous-vêtements sera donc vendue dans mes propres boutiques et auprès d’une sélection de distributeurs partenaires avec lesquels nous avons déjà des volumes importants – ce qui nous permet de savoir comment ils sont commercialisés et mis en valeur –, mais elle sera aussi disponible en ligne, sur quelques plateformes soigneusement sélectionnées. De cette façon, je pense que nous allons pouvoir développer l’activité sans compromettre l’image de la marque.

“Certains sont dotés à la naissance d’une volumineuse bourse testiculaire. D’autres naissent avec des petites couilles… auquel cas il vaut mieux s’en tenir aux caleçons dans l’espoir d’arriver à une taille normale avant la retraite.”

Rencontre sans filtre avec Tom Ford : “Certains sont dotés à la naissance d’une volumineuse bourse testiculaire. D’autres naissent avec des petites couilles…”

Et vous, slip ou caleçon ? Ni l’un ni l’autre. En principe, je n’en porte pas. À l’époque où j’étais chez Gucci, les gens étaient obsédés par cette question et on me la posait sans arrêt. Un jour, à l’apogée de ma période alcoolique, je discutais avec une journaliste, que vous connaissez d’ailleurs, et dont je tairai le nom. Nous étions, elle et moi, totalement cuits. À un moment, elle m’a dit: “Je n’arrive pas à croire que vous ne portez pas de sous-vêtements ! Sérieusement, vous ne portez rien ?” Et là, j’ai ouvert ma braguette et sorti mon pénis. Richard [Buckley, le mari de Tom Ford] m’a pris par la peau du cou pour m’éloigner des paparazzis, en hurlant : “Mais, putain ! tu te rends compte de ce que tu fais ? Referme ton pantalon !” Richard a toujours pensé que j’étais un peu barge parce que j’enlevais systématiquement mes vêtements le vendredi soir et que je refusais de me rhabiller jusqu’au lundi. Je dînais même à poil, ce qui l’agaçait souverainement. Cela dit, depuis que nous avons eu Jack [le fils de Tom Ford et de son mari], j’ai recommencé à mettre un pantalon à la maison. Quand vous avez un enfant, vous prenez une nounou et, sans même vous en rendre compte, du jour au lendemain, vous vous retrouvez avec tout un tas de gens chez vous. Maintenant, je me suis mis à porter un caleçon au saut du lit, pour aller prendre mon bol de céréales, et aussi pour dormir, au cas où Jack ferait un cauchemar et où je devrais aller dans sa chambre en pleine nuit.

Ne me demandez pas pourquoi, mais dans mes fantasmes les plus inavouables je vous ai toujours imaginé en slip Calvin Klein. Calvin Klein ? C’est marrant que vous ayez pu penser ça ! Je n’ai jamais mis de sous-vêtements Calvin Klein de ma vie. C’est difficile à admettre, mais je suis un peu trop vieux à présent pour porter quelque chose de si blanc et si moulant. Il faut être lucide dans la vie. Si je dois porter quoi que ce soit, ce sera plutôt un caleçon en coton de chez Brooks Brothers.

Accordez-vous foi à cette légende urbaine qui prétend que le port du caleçon est responsable du relâchement testiculaire ? Certains sont dotés à la naissance d’une volumineuse bourse testiculaire. D’autres naissent avec des petites couilles… auquel cas il vaut mieux s’en tenir aux caleçons dans l’espoir d’arriver à une taille normale avant la retraite. Au-delà de ces paramètres de base, je ne pense pas qu’il y ait grand-chose à faire contre le relâchement de cette zone, quelle que soit l’option de sous-vêtement retenue. Cela dit, je pense qu’il faudrait vraiment inventer un système de push-up testiculaire pour faire remonter tout ça, comme pour les seins des femmes. Après tout, c’est injuste : pourquoi les hommes n’auraient-ils pas droit eux aussi aux techniques de mise en valeur de certains attributs?

Pour votre dernier défilé masculin, vous avez assorti la couleur des sous-vêtements portés par les mannequins à leur couleur de peau. À votre avis, pourquoi la teinte nude était-elle jusque-là définie seulement en référence aux nuances d’une peau blanche ?

Je ne sais pas, et ça me semble très étrange. Pour moi, il allait de soi de créer une nuance de nude pour chaque couleur de peau. D’abord parce que j’adore l’idée même d’un sous-vêtement chair : si vous ne portez rien d’autre, on dirait que vous êtes – littéralement – nu. Je me souviens des années 60, une époque où beaucoup de femmes, dont ma mère, portaient des collants “couleur chair” – si je ne m’abuse, c’est encore le cas de la reine Élisabeth. Dans les boutiques spécialisées, on vous proposait toute une gamme de tons, pour les peaux pâles, bronzées ou foncées… Je me suis donc dit : “Mais quelle merveilleuse idée ! Pourquoi personne n’a pensé à faire la même chose pour les sous-vêtements masculins ?”

“Le jockstrap ? À moins d'avoir un cul en béton, c'est totalement injouable. Ce n’est plus portable au-delà de 21 ans. Personne n’a envie de voir un demi-kilo de chair qui fait son âge saucissonné comme au rayon charcuterie.”

Connaissez-vous les grandes tendances internationales en la matière ? Le marché asiatique préfère-t-il les boxers aux slips, par exemple ? Ou les Américains privilégient-ils le jockstrap sur le string ? Aucune idée. Peut-être devrais-je m’intéresser davantage aux tendances, je ne sais pas. En amont du lancement, j’avais fait une étude de marché : j’ai chargé quelqu’un d’aller acheter dans les magasins tous les sous-vêtements qu’on pouvait trouver, en regardant le packaging, les prix, le type de point de vente, la présentation des produits… Et puis je me suis dit : “Mais toi, qu’est-ce que toi tu veux faire ?” C’est toujours comme ça que je procède. En même temps, notre partenaire dans ce projet [le fabricant italien Isa Seta (ISA s.p.a.)] a beaucoup d’expérience sur ce segment. Ils sont venus assister aux essayages et ils m’ont dit : “Bon, cette longueur-là se vend très bien, et c’est sur cette référence qu’on fait notre plus gros chiffre…” Donc je dois dire qu’il y a quand même eu une vraie réflexion marketing pendant la phase de développement.

Les hommes achètent-ils leurs propres sous-vêtements, ou les femmes le font-elles pour eux ? Je dirais que la plupart des hommes les achètent eux-mêmes. Comment votre femme pourrait-elle être au courant de la façon dont vos testicules sont à l’aise dans une marque ou une autre ? Je n’ai jamais compris comment un homme pouvait laisser sa femme – ou sa copine, ou son mec, peu importe – lui acheter ses fringues. C’est un truc qui me dépasse. En général, le résultat n’est pas beau à voir !