Perte de poids: la vérité au sujet des images avant/après

Perte de poids: la vérité au sujet des images avant/après

Je suis cette fille sur le panneau d'affichage, la transformation incroyable sur la page frontispice du magazine People, celle sur la photo avant/après dans la pub d'une nouvelle pilule amaigrissante, celle avec un astérisque au bout de son nom dont les petits caractères disent que mes résultats ne sont pas typiques. Ce sont des images comme celles-là qui ont poussé l'adolescente que j'étais à dépenser toute son allocation pour acheter du Metabolife parce que si la fille dans le magazine le peut, alors je le peux aussi. Déjà à cet âge, je savais que tout dans ma vie serait meilleur, plus simple, voire parfait... si seulement je n'étais plus grosse.Perte de poids: la vérité au sujet des images avant/après Perte de poids: la vérité au sujet des images avant/après

Je savais cela non pas parce que mon médecin me l'avait dit (après tout, qui veut l'avis d'un vieux médecin?), mais parce que certaines des voix les plus importantes aux oreilles d'une adolescente lui avaient dit. Je savais cela parce que Courtney Cox s'était métamorphosée: de "loser" solitaire et célibataire qui détruit les balancelles où elle ose se poser, elle était devenue une croqueuse d'hommes svelte et sexy qui jouait dans la série Friends. Je savais cela parce que même si Sarah Rue était une de mes actrices préférées, elle n'est jamais apparue sur la page frontispice d'un magazine jusqu'à ce qu'elle maigrisse de 5 tailles. Je savais cela parce que des livres comme Jemima J de Jane Green m'avaient expliqué, sous leurs jaquettes chatoyantes, que même s'il remarque votre intelligence, même s'il rit de vos blagues et même s'il vous dit que vous avez "un si joli visage", jamais il n'avouera qu'il aimerait que vous perdiez ce cul monumental. Qu'on vous la raconte au grand ou au petit écran, sur la première page d'un magazine ou au beau milieu d'une nouvelle, l'histoire de conte de fées de la perte de poids est toujours la même. Débarrassez-vous de ces kilos en trop et -- abracadabra! -- votre vie devient illico un conte de fées.

Je suis cette photo "après" depuis trois années et je peux vous assurer une chose: ce conte de fées est un mythe. Les choses ne sont pas devenues instantanément aussi parfaites que dans une série télé après que j'ai perdu 82 kilos. Oui, je suis plus heureuse et plus en santé qu'avant, mais si vous croyez que ma vie ressemble à celle d'une starlette, vous faites gravement erreur. Alors, à quoi ressemble la vie d'une "après"? Quels sont les détails qu'on vous cache sur ces images promotionnelles et ces affiches publicitaires pour un anneau gastrique modulable? À quoi ressemble vraiment une véritable perte de 70 kilos? Voici à quoi ça ressemble:

C'est que, voyez-vous, la vie dans un corps post perte importante de poids est un art. Chaque journée débute par une inspection méticuleuse de mon corps pour voir s'il comporte des blessures, des irritations ou des plaies, les effets secondaires des ces 10 kilos de peau en trop qui pendouillent sur mon corps tel un Sharpei. Cette peau est une mappemonde de cicatrices, des vergetures incandescentes ou pâlies qui sont le résultat de mes nombreuses fluctuations de poids au fil des ans, des croûtes d'un rouge vif laissées derrière par ma plus récente infection. Cette peau, peu importe le nombre de fois où je dois la faire traiter par un médecin, ma compagnie d'assurance refuse de payer pour qu'on me l'enlève, disant qu'il s'agit là d'une chirurgie "de nature cosmétique avant tout". Je dois manuellement séparer ces plis qui se trouvent là ou mon nombril était jadis -- avant que le poids de mon embonpoint le fasse virtuellement s'effondrer sur lui-même -- afin de les nettoyer avec des lingettes antibactériennes. Je m'assure également d'en avoir une provision suffisante, car c'est un exercice que je devrai répéter au moins une autre fois avant d'aller au lit. En tout, j'utilise au moins cinq onguents, talcs et crèmes qui ont pour but de garder ma peau sèche, l'aider à cicatriser ou guérir mes escarres. Parfois, si je suis chanceuse, je n'ai rien de tout ça. Mais c'est rarissime.

Après cette inspection et le nettoyage approprié commence le processus de pliage, de repliage et d'encarcanement de mon corps, jusqu'à ce qu'il ait l'air aussi svelte et ferme qu'humainement possible. J'enfile ensuite les vêtements que j'ai minutieusement choisis, des vêtements que la Candice qui pesait 136 kilos n'aurait jamais pu rêver porter. Quand j'étais grosse, c'était cette partie du conte de fées qui me faisait le plus rêver. Pendant des années, j'étais cantonnée à ces deux ou trois magasins qui offraient des vêtements pour les femmes de forte taille, aucun d'eux n'étant très porté sur les tendances de la mode. Les détaillants de vêtements mode refusaient tout simplement d'offrir des vêtements à ma taille. Sauf que voilà: maintenant que j'ai accès à pratiquement tous les vêtements, trouver des vêtements qui me font bien est, dans une certaine mesure, encore plus difficile qu'auparavant. Dans notre ère de jeans à taille ultra basse, trouver une paire de jeans qui me fassent autour de la jambe tout en accommodant tous ces replis de chair flasque autour de mon estomac est un exercice futile. Je dois acheter des chemisiers aux manches trois quarts deux tailles trop grands afin d'accommoder toute cette peau qui pend sous mes bras, et ce, malgré la quantité inimaginable de flexions des biceps que j'accomplis. Résultat: le reste du chemisier pendouille sur le reste de mon corps désormais svelte comme un vulgaire sac de jute. Tout espoir que j'ai pu un jour caresser de me sentir à l'aise pendant les beaux jours de l'été a été anéanti la première fois que j'ai enfilé des shorts de taille 2 qui étaient suffisamment longs pour recouvrir les replis de peau qui enrobaient le bas de mes cuisses. Nul besoin de vous dire que tenter de trouver un maillot de bain qui ne ressemble pas à une horreur que ma grand-mère aurait porté OU qui ne soit pas qu'un amas de ficelles redéfinit le sens du mot "frustration".

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Perte de poids: la vérité au sujet des images avant/après

Même les sous-vêtements, qui servent à la fois de support et de coquetterie, ne se font pas dans des tailles au-delà de 4. Personne de ma taille n'a besoin de Spanx, n'est-ce pas? Eh! bien, n'oubliez pas que pour les femmes, les ourlets sont plus hauts, les tissus plus minces et les pantalons plus ajustés lorsque vous habillez en deçà d'une certaine taille, mais rien de tout ça ne vous sied lorsque vous avez des kilos de peau en trop à dissimuler. Jamais il ne me viendrait à l'esprit d'oser prétendre que ma vie est plus difficile maintenant qu'avant, mais disons simplement que l'achat de vêtement est beaucoup moins amusant que je me l'imaginais. Au lieu de cela, j'ai dû passer maître dans l'art des tours de passe-passe et autres illusions tout au long des trois dernières années.

Malheureusement, les illusions ont leurs limites intrinsèques et, en tant que femme célibataire au début de la trentaine, j'ai dû apprendre une des leçons les plus difficiles que peut nous apprendre le conte de fées de la perte de poids: plus d'un prince charmant a pris ses jambes à son cou après s'être rendu compte que mon nouveau corps parfaitement emballé cachait quelques surprises sous cet emballage. Soudainement, rencontrer quelqu'un est devenu non plus une question d'attirance, mais une question de "timing".

Difficile, avec cette épée de Damoclès, cette bombe à retardement, de se sentir parfaitement à l'aise lorsque l'on rencontre quelqu'un. Là où, auparavant, vous étiez peut-être parvenue à vous sentir sûre de vous-même et sexy, vous bafouillez maladroitement parce que vous êtes trop préoccupée à vouloir cacher votre corps pour arriver à profiter pleinement du moment. Oh! bien sûr, il se trouvera certains hommes pour vous dire que ça leur importe peu, que vous êtes belle peu importe ce qui se trouve sous vos vêtements, mais cela ne vous empêchera pas de remarquer la moindre petite hésitation dans leurs caresses ou cette étincelle de doute dans leur regard. Et lorsque cette relation prendra fin, comme elles le font souvent, vous vous demanderez invariablement "Et si...?" Et si j'avais eu un corps normal? Et si j'avais été cette femme idéale pour lui, peu importe les idées préconçues sur lesquelles cet idéal était basé? Peut-être qu'il ne vous a pas rappelé parce qu'il n'aimait pas que vous parliez constamment de politique ou encore parce que vous jurez comme un charretier. Peut-être que ça n'a simplement pas cliqué entre vous, mais peu importe la raison, vous serez toujours convaincue que ce n'était pas vraiment ça qui était en cause.

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La vie d'une "après" n'est pas parfaite. Vous n'aurez pas, du jour au lendemain, l'homme parfait, la promotion au boulot ou la popularité dont vous avez toujours rêvé simplement parce que vous êtes devenue mince. Si vous voulez une fin digne d'un conte de fées, vous ne l'aurez pas, peu importe la quantité de kilos que vous perdrez. Si vous ne vous préoccupez que d'esthétique, votre périple ne sera jamais complet. Pourquoi? Parce que vous n'aurez pas soudainement tout l'amour propre dont vous avez besoin simplement parce que vous avez perdu 10 tailles de pantalon ou que vous pouvez désormais habiller du "small". J'ai mis plusieurs années à y arriver, mais je commence à l'accepter. J'apprends tranquillement à apprivoiser les manifestations physiques de mon dur labeur. J'ai appris à faire confiance au destin et à croire qu'il y a quelqu'un, quelque part dans le monde, qui m'aimera telle quelle, peu importe que j'arrive ou non à me payer, un jour, la chirurgie réparatrice dont j'ai tellement besoin.

Je n'ai pas la prétention de ne jamais me tromper, et il m'arrive de me regarder nue dans le miroir en me demandant pourquoi je m'épuise quotidiennement pour arriver à des résultats que je ne peux pas vraiment voir. Pourtant, lorsque je gravis un escalier sans avoir à m'arrêter pour rattraper mon souffle ou lorsque j'arrive à lacer mes propres souliers, je me souviens alors de la réelle motivation à perdre du poids. Ce n'était pas pour trouver un mec, avoir une augmentation de salaire ou pour me conformer à une certaine notion de la beauté, mais pour mon propre bien-être physique. C'est là que réside le problème de notre obsession avec les "avant/après". Ces images servent à nous vendre un conte de fées où tout devient parfait avec un simple petit coup de baguette magique, pourvu que votre robe vous aille comme un gant. Elles ne se préoccupent que de ce que les gens voient, et pas du tout de ce qui compte véritablement. Elles vous cachent la vérité, c'est-à-dire que peu importe ce que vous diront les Monica Gellar et Jemima J de ce monde, votre amour propre ne dépend pas d'un chiffre sur un pèse-personne ou sur une étiquette indiquant la taille d'une robe de cocktail.

Vous demeurez la même personne que vous avez toujours été, mais dans un emballage un peu différent, et si vous n'aimiez pas la personne que vous étiez sur la photo "avant", personne ne vous acceptera en tant qu'"après", pas même vous.

Depuis quand le ventre se doit-il d'être plat? Qui a dit que les fesses devaient être bombées? Pourquoi les cuisses ne devraient-elles pas se toucher? Le HuffPost a remonté le temps pour comprendre d'où venaient ces obsessions minceur et beauté qui contraignent le corps des femmes et culpabilisent bien plus qu'il ne faut sur la plage...

Les obsessions minceur et beauté

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Candice Russell

Freelance Writer