Zainab Fasiki, la dessinatrice marocaine qui remet le patriarcat à sa place

16/08/2022 Par acomputer 614 Vues

Zainab Fasiki, la dessinatrice marocaine qui remet le patriarcat à sa place

Il y a quelques mois, j’ai découvert le compte Instagram de Zainab Fasiki (@zainab_fasiki). Et je suis tombée sous le charme de cette jeune marocaine et de ses beaux dessins.

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Femme libre d’un pays qui l’est moins, Zainab Fasiki dénonce à travers son art les injustices auxquelles elle fait face.Et pour cela, cette jeune Marocaine de 24 ans dessine des femmes gigantesques et nues, des Godzillas face au patriarcat et à la culture du viol.

Zainab Fasiki nait en 1994 à Fès, dans le nord-est du Maroc. Elle est la seule fille d’une fratrie de 5 garçons. Rapidement, elle voit que ses frères ont le droit à plus de liberté qu’elle. La jeune Zainab ne peut pas sortir au prétexte que la ville est trop dangereuse. Rapidement, elle voit que ce sexisme se produit non seulement dans le cercle familial, mais aussi dans les lieux publics ou l’école. Une vague de révolte s’empare d’elle. Elle choisi alors de se réfugier dans le dessin pour exprimer sa colère et, pour briser l’image sexuel du corps féminin, elle dessine des corps de femme nu. L’artiste se dessine géante dans les rues cherchant les agresseurs pour les attraper.

https://www.instagram.com/p/Bvus_0vApjc/

Zainab Fasiki, la dessinatrice marocaine qui remet le patriarcat à sa place

Au Maroc, 63% des femmes assurent avoir subit le harcèlement de rue selon l’ONU Femme-Maghreb. En août 2017, une femme a été filmée se faisant violer dans un bus en pleine journée au Maroc. Après sa diffusion, de nombreux Marocains et Marocaines ont été choqués. Une vague de manifestation a eu lieu, dénonçant la culture du viol. Pour la bédéiste « on peut en finir si nous sommes unis, et qu’on apprend aux plus jeunes à respecter les femmes » explique-t-elle à Brut. Dans une vidéo d’Arte, la jeune femme de 24 ans se confie sur les difficultés à parler de ces sujets tabous dans son pays: « Quand on veut parler d’un sujet compliqué ici, on nous dit « ah non, hshouma » ». Pied de nez, ce mot arabe qui signifie « honte » est aussi le nom de son site web et de son exposition qui a eu lieu en novembre 2018 à Rabat.

Instagram pour dépasser les frontières

Son compte Instagram créé en 2015 est aujourd’hui suivi par près de 30.000 personnes. Elle y partage ses oeuvres, ses interviews, ses rencontres et ses projets. Les femmes qu’elle dessine et partage sur les réseaux sont nues, fument la chicha, elle peuvent être poilues ou voilées, assument leur corps et n’en ont pas peur. Elles défient la société patriarcale qui les entoure. Zainab les représente comme de vraies guerrières prêtes à écraser ceux qui leur barreront le chemin. Son compte Instagram est une manière d’exporter son art et ses idées au-delà des frontières et de la censure. Grâce à ça, elle se fait connaitre petit à petit, est invitée à diverses conférences et créé des partenariats à l’étranger. Et la jeune femme ne compte pas en rester là : « Il est important d’avoir des femmes courageuses et féministes dans le monde arabe car malheureusement, la société est toujours unie pour combattre les femmes libres, mais jamais pour les sauver » déclare-t-elle au HuffPost Maghreb. Son art est une ode au courage, aux femmes et à la liberté.

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